Couvrir son sol en permaculture c’est tout un art!
Pourquoi pailler le sol ?
Il y a plusieurs avantages à pailler le sol. D’abord, cela réduit l’évaporation et permet d’arroser moins souvent (une fois sur quatre environ). Ensuite, cela limite la prolifération des mauvaises herbes tout en protégeant le sol. Mais surtout, le fait de pailler aide la faune du sol et tous les organismes qui y vivent à s’y développer et à travailler, ce qui améliore grandement sa fertilité. Le taux d’humidité est également stabilisé grâce à l’usage du paillage ce qui réduit le stress de vos plantes et de la vie du sol.
Couvrir son sol avec du BRF
Le BRF, ou Bois Raméal Fragmenté, est une technique qui consiste à broyer des des rameaux d’arbres en tout petits bouts qu’on placera à la surface du sol afin de stimuler le développement du mycélium et de l’humus et ainsi de rendre le sol plus fertile. Ce procédé fonctionne également en hiver, malgré le froid. La molécule de lignine contenue dans le bois des rameaux et qui les rend particulièrement souples incite les champignons à investir le paillis de BRF. Les champignons ainsi produits sécrètent des ‘’enzymes antibiotiques’’ qui, associés à l’humus, constituent une ‘’réserve de médicaments’’ dans laquelle la plante peut puiser.
Où trouver du BRF?
Afin d’obtenir du BRF, il est possible de demander à sa municipalité le résultat de l’élagage du bord des routes, que vous soyez à la campagne ou en ville. La récolte du BRF s’effectue de novembre à février pendant la période de ‘’dormance’’ des arbres, après la tombée des feuilles et lorsque les rameaux sont gorgés de nutriments jusqu’au printemps suivant. Les arbres pionniers, adaptés aux conditions locales, sont idéaux pour la production de BRF. Il est possible d’utiliser de l’essence de chêne, de frêne, d’érable ou d’acacia, qui sont recommandés, contrairement à celle du marronnier, de l’eucalyptus ou des résineux qui sont toxiques et qu’il ne faut pas utiliser en trop grande quantité. Mélangez autant d’essences d’arbres dans le BRF que possible car chacune apporte quelque chose de différent et créé la richesse de votre sol.
Faire son propre BRF
Pour la récolte des rameaux, il faut vous munir d’une scie à bois, d’une tronçonneuse ou d’un sécateur et couper les petites branches encore flexibles, d’un diamètre de moins de 7 cm et de moins de 2 ans d’âge. Il faut garder en tête qu’1 mètre-cube de BRF peut être produit à partir de 10 mètre-cube de rameaux. La phase de fragmentation des rameaux à l’aide d’un broyeur mécanique, d’une tondeuse ou d’un hache-paille est essentielle puisqu’elle « ouvre des portes »’ aux champignons qui ne peuvent autrement pas pénétrer à travers l’écorce. Ils ont ainsi beaucoup moins de difficulté à digérer la matière de tous les côtés et cela accélère ainsi le processus de création d’humus forestier.
Enfin, ne pas oublier de placer le BRF sur la zone de culture dans les 24h qui suivent la fragmentation et de le laisser reposer pendant plusieurs mois pour éviter une compétition entre mycélium et plantes.
Couvrir son sol avec des feuilles mortes
Il s’agit du paillis idéal pour votre balcon ou votre jardin puisque c’est celui dont bénéficie la forêt, il s’approche au maximum d’une couverture naturelle pour votre sol. On trouve les feuilles mortes en abondance en ville mais aussi à la campagne sur le bord des routes et forêts. Voir également mon article sur les forêts comestibles.
Si vous ramassez celles de votre jardin, vous pouvez le faire avec la tondeuse pour gagner du temps au niveau du ramassage mais aussi de la digestion par les micro-organismes du sol. Choisissez-les feuilles soigneusement en fonction de leur usage.
Il paraît qu’il faut bannir les paillages avec des feuilles de noyer qui aurait une action anti-germinative.
Les feuilles épaisses :
Pour votre verger, vos buissons à baies, arbustes, haies ou autres arbres, le paillis issus des feuilles de hêtre, de chêne, de platane, de laurier, châtaignier ou de houx est le meilleur. Leurs épaisses feuilles vernissées, une fois broyées, constituent un paillis à décomposition lente (de 10 mois à 2 ans) convenant parfaitement aux plantations pérennes.
Les feuilles tendres :
Pour les plantations saisonnières, du potager au verger en passant par les plantes d’agrément et les rosiers, les feuilles tendres venant du bouleau, du charme, du noisetier, du tilleul ou du saule conviennent davantage. Leur décomposition est rapide (entre 6 et 10 mois en fonction de l’épaisseur), permettant de ramasser votre récolte annuelle et de laisser un temps de repos pour le sol.
Couvrir son sol avec les tontes de gazon
Ne jetez pas vos tontes de pelouse ! Elles comportent une grande quantité d’azote et on peut les utiliser pour pailler des cultures potagères gourmandes en azotes comme les haricots, les pois, les laitues, les pommes de terre, etc …
Deux possibilités :
Pailler immédiatement après la tonte. Dans ce cas, il faut mettre une couche mince, de 2 cm au plus, en évitant de faire des tas ou de mettre trop de tonte au pied des plantes (risque de putréfaction ou de fermentation).
Ou sinon on peut faire d’abord sécher les tontes au soleil, un jour ou deux. Dans ce cas, le paillis peut avoir jusqu’à 10 cm d’épaisseur, ce qui permet d’avoir un paillis qui tienne six mois.
Pour les citadins, il existe plusieurs moyens de se procurer du paillis. Ramassez les feuilles mortes directement dans la rue ou dans une proche forêt par exemple. Demandez un peu de foin ou de paille dans des exploitations agricoles ou centres équestres. Surveillez le passage du service municipal dans les parcs pour récupérer les tontes du gazon.
L’achat de paillis est une autre alternative. LeBonCoin fournit des annonces régulièrement. Les jardineries vendent aussi du paillis mais c’est plus cher et assez dommage d’acheter un produit trouvable gratuitement dans la nature. Cependant, évitez ceux à base de résineux et d’écorces à cause de leur acidité. Ils se décomposent plus lentement que les autres et ne proposent que peu d’apports nutritifs. Ne prenez pas de la sciure car sa densité n’est pas optimale et elle peut contenir des substances chimiques nocives pour vos plantations en fonction de l’origine du bois dont elle est issue et des traitements qu’il aurait pu recevoir dans sa vie…
Même sur son potager de balcon on doit pailler!
Nourrir la terre de son balcon pour de meilleurs résultats
Pailler son balcon est tout aussi nécessaire que de pailler son jardin. Lorsque l’on cultive sur son balcon, c’est-à-dire hors du sol, il est tout autant conseillé de pailler la terre que dans un jardin classique car cela possède de nombreux avantages. Tout d’abord, cela permet de nourrir les petits êtres vivants qui entretiennent la terre et de rendre cette dernière plus fertile. D’autre part, et ce n’est pas négligeable, les besoins en eau sont jusqu’à quatre fois moins importants car le paillis (Bois Raméal Fragmenté par exemple) retient l’humidité et la redistribue progressivement. Vos pots ne seront plus aussi secs qu’avant. Enfin, cela protège les plantes ainsi que le sol et évite la pousse de mauvaises herbes et adventices non désirés.
Comment se procurer du paillis quand on habite en ville?
Obtenir du paillis, et surtout en ville, peut-être un peu décourageant. Et pourtant, rien de plus simple. Quatre options s’ouvrent ainsi au ‘’cultivateur de balcon’’ : puiser directement dans la nature (ramasser des feuilles mortes ou des fougères dans une forêt proche), acheter en magasin (en veillant cependant à éviter les paillis de résineux), s’approvisionner dans une ferme ou encore contacter la municipalité pour obtenir le résultat de l’élagage du bord des routes.
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